📌 Introduction : Pourquoi mesurer l’émotion du marché ?
Dans l’univers de l’investissement, on parle souvent d’analyse fondamentale, d’analyse technique, de ratios financiers… mais beaucoup moins d’analyse du sentiment. Et pourtant, l’émotion collective des investisseurs influence souvent plus les marchés que les chiffres eux-mêmes.
C’est là qu’intervient l’Indice de la Peur et de la Cupidité (Fear & Greed Index), un outil qui ne cherche pas à prédire l’avenir, mais à prendre le pouls émotionnel du marché. Il répond à une question simple : est-ce que les investisseurs agissent actuellement par peur ou par cupidité ?
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📊 Comment fonctionne l’indice Fear & Greed ?
Cet indice est développé par CNN Business et repose sur une pondération de 7 indicateurs de marché. Chacun reflète une dimension de la psychologie collective des investisseurs.
Voici les 7 composantes principales :
Composante
Ce qu’elle mesure
Momentum du marché
S&P 500 vs. sa moyenne mobile sur 125 jours
Volatilité
Niveau du VIX (indice de peur)
Demandes de valeur refuge
Actions vs. obligations
Ratio Put/Call
Volume d’options baissières vs. haussières
Largeur du marché
Nombre d’actions en hausse vs. baisse (McClellan Index)
Volume des titres à haut rendement
Appétit pour le risque sur le marché obligataire
Flux boursiers institutionnels
Entrée ou sortie de capitaux dans les actions
Chaque sous-indice est noté sur 100, puis la moyenne donne une lecture globale :
0–25 : Peur extrême (Extreme Fear)
26–45 : Peur
46–55 : Neutre
56–75 : Cupidité
76–100 : Cupidité extrême (Extreme Greed)
📉 Avril 2025 : Plongée dans la peur extrême
📍Un contexte de nervosité
Entre février et avril 2025, l’indice Fear & Greed est resté plusieurs semaines sous la barre des 25, dans la zone de peur extrême. Cela représente un des épisodes les plus prolongés depuis 2020.
Ce pessimisme généralisé a été nourri par plusieurs facteurs :
Des inquiétudes persistantes sur l’inflation américaine.
Une pause prolongée de la Fed sur les baisses de taux.
La montée des tensions géopolitiques (Asie du Sud-Est).
Une saison des résultats incertaine.
🎯 Résultat : les investisseurs ont déserté les actions, privilégiant la sécurité des obligations et accumulant les positions baissières.
🔬 Analyse détaillée des sous-indicateurs en avril
1. Momentum négatif (S&P 500)
📉 Le S&P 500 est resté nettement sous sa moyenne mobile sur 125 jours (graphique 2). Cela indique une tendance technique baissière, renforçant la peur.
2. Volatilité (VIX) élevée
En avril, le VIX a brièvement dépassé les 22, signalant une augmentation des anticipations de volatilité.
3. Put/Call Ratio élevé
Le ratio a franchi 0,95, ce qui montre que les investisseurs se couvraient massivement contre une baisse (graphiques 4).
➕ Historiquement, un tel niveau de pessimisme peut signaler un point bas à court terme.
4. Demande de valeur refuge
Pendant presque toute la première moitié d’avril, les obligations surperformaient les actions. Mais tout a basculé dans la seconde moitié du mois, où les actions ont commencé à reprendre le dessus (graphique 5).
5. Largeur du marché (McClellan Index)
La participation au rebond était très faible au début d’avril. Mais ensuite, une forte reprise de l’indice de largeur a signalé que de plus en plus d’actions montaient, pas seulement les grandes capitalisations (graphique 3).
6. Obligations à haut rendement
L’appétit pour le risque restait limité début avril, puis s’est amélioré avec la baisse du rendement des obligations risquées.
7. Flux institutionnels
Des sorties ont été enregistrées jusqu’à la mi-avril, mais les flux se sont inversés à mesure que les résultats des entreprises rassuraient le marché.
🚀 Ce qui a suivi : le Nasdaq s’envole
Au moment où l’indice Fear & Greed touchait un point bas, le Nasdaq 100 a entamé un rally impressionnant.
🔺 Performances clés (15 avril – 3 mai 2025) :
Nasdaq 100 : +9,8 %
S&P 500 : +6,3 %
VIX : passé de 22 à 15
Microsoft, Meta, Nvidia : tous en forte hausse après de bons résultats trimestriels
💡 Pourquoi ce rebond ?
Ce n’est pas un miracle. Les éléments suivants se sont alignés :
Sentiment au plus bas (contrarien)
Bons résultats dans la tech
Recul de la volatilité
Retours progressifs des flux vers les actions
En résumé : le marché a réagi à l’excès de pessimisme en sursautant brutalement à la moindre bonne nouvelle.
📚 Leçons à tirer pour les investisseurs canadiens
1. La peur crée des opportunités
Comme souvent dans l’histoire boursière, les meilleurs points d’entrée se situent dans les moments les plus inconfortables. Ce fut le cas en mars 2020, octobre 2022… et à nouveau en avril 2025.
2. L’indice Fear & Greed est un outil, pas un signal d’achat automatique
Il ne faut pas acheter simplement parce que l’indice est bas. Mais lorsqu’il est en « peur extrême », cela devrait déclencher une alerte et inciter à analyser plus en profondeur.
3. Combiner avec d’autres données
L’indice prend tout son sens s’il est utilisé en conjonction avec :
Les tendances techniques (moyennes mobiles, volumes)
La saison des résultats
Les décisions de politique monétaire
L’évolution du VIX
4. Rester contrarien… avec méthode
La citation de Warren Buffett reste pertinente :
“Soyez avide quand les autres ont peur.” Mais cela ne veut pas dire se précipiter sans plan. Il faut :
Acheter progressivement (stratégie DCA)
Prioriser les entreprises solides
S’assurer que la peur est irrationnelle, pas fondée sur des fondamentaux détériorés
👀 Où suivre cet indice ?
📍 Tu peux consulter l’indice Fear & Greed gratuitement sur :
Poursuivre la recherche d’opportunités à prix réduit
Indice > 75 (cupidité extrême)
Éviter les achats impulsifs, réduire l’exposition au risque
🧩 Exemple pratique : scénario avril 2025
Contexte : Nasdaq en forte baisse depuis février, résultats mitigés, inflation élevée.
Indice Fear & Greed : 14 (peur extrême)
Indicateurs de confirmation :
Momentum négatif mais en retournement
Baisse du VIX après son pic
Début de rotation vers les actions tech
Breadth qui s’améliore
➡️ Décision rationnelle : Pas un achat massif, mais un point d’entrée raisonnable pour ajouter progressivement des positions long terme dans des titres solides.
✍️ Conclusion
L’indice de la peur et de la cupidité est un outil simple mais puissant. En avril 2025, il a une fois de plus démontré sa pertinence : au moment où les émotions étaient au plus bas, les marchés ont rebondi fortement, notamment le Nasdaq.
Cela ne signifie pas qu’il faut l’utiliser seul, ni qu’il offre des signaux parfaits. Mais il permet de prendre du recul et de résister à l’instinct de fuite que provoquent les baisses.
En tant qu’investisseur canadien, il peut t’aider à :